Le 8 décembre 2024 restera gravé dans l’histoire syrienne comme le jour où Bachar Al-Assad a été évincé du pouvoir après 24 ans de règne. Connu pour son régime autoritaire et marqué par des décennies de guerre civile, celui que certains appelaient « le Boucher de Damas » a quitté le pays, mettant fin à un chapitre sombre de l’histoire de la Syrie.
Un régime marqué par la répression et la guerre civile
Bachar Al-Assad a pris les rênes de la Syrie le 17 juillet 2000, succédant à son père, Hafez Al-Assad. Pendant son mandat, il a consolidé son autorité par une répression implacable contre toute opposition, notamment depuis le déclenchement en 2011 de la guerre civile syrienne, née dans le sillage du Printemps arabe.
Selon un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (2022), environ 306 887 civils ont perdu la vie entre mars 2011 et mars 2022. Cette guerre a également causé l’un des déplacements internes les plus importants au monde, avec 7,2 millions de personnes en situation de déplacement interne fin 2023, selon l’ONG IDMC.
Un soutien populaire contesté
Malgré ces tragédies, Bachar Al-Assad affirmait bénéficier du soutien de son peuple, réfutant les accusations de brutalité. En 2015, il déclarait : « Aucun président ne peut rester en place sans le soutien de son peuple. » Cependant, les Syriens, confrontés à des années de guerre, d’appauvrissement et de sanctions économiques internationales, ont progressivement perdu espoir dans le régime.
Les facteurs ayant conduit à la chute
Plusieurs facteurs expliquent l’effondrement du régime :
- L’usure du pouvoir : Après 24 ans de règne, le régime d’Al-Assad ne proposait plus de solutions aux crises multiples.
- Les sanctions internationales : L’économie syrienne, déjà affaiblie, a été mise à genoux par les sanctions économiques imposées par l’Occident.
- La désunion sociale : La guerre a détruit les liens entre les différentes communautés du pays, rendant difficile toute perspective de réconciliation.
Ces faiblesses ont facilité l’avancée décisive de la coalition rebelle le 27 novembre 2024, forçant Al-Assad à fuir.
Une Syrie en quête de stabilité
Avec le départ de Bachar Al-Assad, la Syrie entre dans une période d’incertitudes. La situation évoque pour certains celle de l’Irak après la chute de Saddam Hussein, où l’instabilité et les divisions internes ont perduré. Les Nations Unies ont exprimé leurs préoccupations :
« Les dégâts causés à la Syrie ne se mesurent pas uniquement par les pertes humaines, mais aussi par la destruction des infrastructures et des liens sociaux. »
L’avenir de la Syrie dépend désormais de la capacité des différents acteurs à mettre de côté leurs différends pour reconstruire le pays.
Un espoir fragile pour l’après-Assad
Si la chute de Bachar Al-Assad symbolise une victoire pour l’opposition et les rebelles, le chemin vers la paix reste semé d’embûches. La communauté internationale joue un rôle crucial pour éviter que la Syrie ne sombre dans un chaos prolongé.
La reconstruction, tant économique que sociale, nécessitera des efforts colossaux. Pourtant, pour de nombreux Syriens, le départ de leur ancien dirigeant représente une lueur d’espoir, celle d’un nouveau départ.
Gnohou Maxime Keller