Le conflit entre le géant français du nucléaire Orano et les autorités nigériennes a franchi un nouveau cap. Ce jour, Orano a annoncé avoir perdu le contrôle opérationnel de sa filiale nigérienne, la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR), exacerbant les tensions autour de la gestion de l’uranium, une ressource stratégique pour le Niger.
Perte de contrôle sur la SOMAÏR : une situation critique
Dans un communiqué publié récemment, Orano a déclaré que l’État nigérien avait pris des mesures coercitives pour contrôler les opérations de la SOMAÏR, empêchant ainsi la mise en œuvre des décisions prises lors des conseils d’administration.
« Les dépenses de production se poursuivent, dégradant chaque jour davantage la situation financière de la société », déplore Orano, qui affirme que ces blocages menacent non seulement l’équilibre financier de la SOMAÏR, mais aussi les salaires des employés et l’intégrité des infrastructures industrielles.
Un dialogue au point mort
Orano rappelle que des discussions avaient été engagées pour résoudre pacifiquement les différends. Cependant, les tensions se sont intensifiées lors du Conseil d’administration du 3 décembre 2024, lorsque les représentants de l’État nigérien ont réitéré leur refus d’exporter la production d’uranium.
Le gouvernement nigérien avait proposé d’acheter 210 tonnes d’uranium via la Société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN) pour soutenir la SOMAÏR, mais cette offre reste insuffisante face aux 1 050 tonnes de production bloquées, estimées à 300 millions d’euros selon Orano.
Contexte et enjeux économiques
La SOMAÏR était jusqu’à présent le principal actif contrôlé par Orano au Niger, avec 63,4 % des parts contre 36,6 % pour l’État nigérien. Depuis la perte de son permis sur le gisement d’Imouraren, la SOMAÏR représentait l’un des derniers bastions d’Orano dans le pays.
Pour Niamey, l’uranium est une ressource essentielle dans la consolidation de sa souveraineté économique. Orano, en revanche, insiste sur la nécessité de maintenir des conditions favorables à l’exportation pour préserver l’équilibre de ses opérations et garantir des retombées positives pour les communautés locales.
Des répercussions sociales et économiques
Le blocage des activités de la SOMAÏR a déjà un impact significatif sur les salariés et les populations locales. Orano alerte sur les conséquences de cette impasse, tout en affirmant sa volonté de défendre ses droits dans ce conflit.
« Un accord entre les parties est indispensable pour rétablir une activité stable et pérenne », conclut le groupe.
Perspectives et défis
Ce différend entre Orano et le Niger reflète des enjeux plus vastes liés à la gestion des ressources naturelles en Afrique. Alors que le Niger cherche à maximiser les retombées économiques de son uranium, Orano doit composer avec un environnement politique complexe et des revendications croissantes pour une souveraineté nationale renforcée.
La situation reste à surveiller, car ses implications dépassent le cadre national, touchant également les dynamiques géopolitiques entre l’Afrique et l’Europe.
Gnohou Maxime Keller