L’Afrique de l’Ouest se trouve à un tournant décisif de son histoire, marqué par des transformations politiques, économiques et stratégiques majeures. En 2025, plusieurs événements redéfinissent les contours de la région : la sortie annoncée des trois membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la CEDEAO, l’entrée du Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole, et des résultats prometteurs pour la filière cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ces dynamiques révèlent un potentiel de refondation profonde de la région.
AES et CEDEAO : un divorce stratégique ?
L’AES, créée en 2023 par le Mali, le Burkina Faso, et le Niger, s’est affirmée comme une coalition militaire et politique destinée à contrer les menaces jihadistes dans le Sahel. Sa sortie de la CEDEAO en 2024 reflète des divergences profondes avec cette dernière sur la gestion des crises régionales, notamment les sanctions économiques et les coups d’État militaires. Ce retrait marque une rupture sans précédent, laissant place à des questions cruciales : la CEDEAO peut-elle rester unie ? L’AES est-elle un modèle viable pour une coopération régionale plus ciblée et indépendante ?
Un potentiel pétrolier et agricole à exploiter
Pendant que l’AES redéfinit les alliances politiques, le Sénégal connaît une transformation économique majeure grâce à sa nouvelle production de pétrole. En intégrant le club des producteurs d’or noir, le pays aspire à diversifier son économie et à financer ses infrastructures. Cette manne pétrolière pourrait également repositionner le Sénégal comme un acteur clé en Afrique de l’Ouest.
Dans le domaine agricole, la filière cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana, pilier de l’économie ouest-africaine, continue de montrer des résultats encourageants. Les deux pays, principaux exportateurs mondiaux de cacao, bénéficient d’une demande soutenue et d’initiatives visant à mieux valoriser leurs productions. Ces succès illustrent la résilience d’un secteur vital face aux défis climatiques et économiques.
Vers une Afrique de l’Ouest repensée ?
Les transformations en cours soulignent l’urgence d’une refondation de la région. La Guinée, sous la houlette de Mamadi Doumbouya, prône le concept de « refondation » pour marquer une rupture avec le passé et ancrer un nouvel ordre politique. Ce terme pourrait s’appliquer à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, tant les défis communs nécessitent des solutions innovantes : renforcement de la sécurité, inclusion économique, et durabilité environnementale.
Les tensions entre l’AES et la CEDEAO rappellent cependant que la refondation ne peut se faire sans une vision claire de l’intégration régionale. Une Afrique de l’Ouest unie autour de projets communs, tout en respectant les spécificités nationales, reste un idéal à atteindre.
L’année 2025 pourrait marquer un tournant pour l’Afrique de l’Ouest, à condition que ses dirigeants réussissent à transformer les défis actuels en opportunités. Qu’il s’agisse de l’affirmation de l’AES, de l’exploitation pétrolière au Sénégal, ou des avancées agricoles en Côte d’Ivoire et au Ghana, les jalons d’un avenir plus stable et prospère se dessinent. La question demeure : ces initiatives suffiront-elles à redéfinir l’Afrique de l’Ouest, ou s’agira-t-il d’un énième cycle de promesses non tenues ?
Gnohou Maxime Keller