Le Sénégal s’inscrit dans une nouvelle dynamique politique et stratégique en annonçant son intention de mettre fin à la présence des bases militaires françaises sur son territoire. Cette décision, portée par le président Bassirou Diomaye Faye, marque un tournant dans les relations entre Dakar et Paris et s’inscrit dans une vague de remise en question de la présence militaire française en Afrique de l’Ouest.
Un Signal Fort pour la Souveraineté
Lors d’une récente déclaration, le président sénégalais a souligné que la souveraineté du Sénégal est incompatible avec la présence de bases militaires étrangères. Bassirou Diomaye Faye a expliqué que cette décision vise à redéfinir les relations avec la France, en privilégiant des partenariats équilibrés et mutuellement bénéfiques. Il a déclaré :
« Le Sénégal est un pays souverain, et cette souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays indépendant. »
Cette démarche reflète une volonté d’émancipation stratégique, tout en insistant sur une méthode progressive et respectueuse des accords bilatéraux. Contrairement aux expulsions brutales observées dans d’autres pays africains comme le Mali ou le Burkina Faso, le Sénégal privilégie un dialogue constructif avec la France.
Les Bases Françaises au Sénégal : Un Héritage à Redéfinir
Depuis 2011, les Éléments Français au Sénégal (EFS) sont basés à Dakar dans le cadre d’un accord bilatéral signé en 2013. Ces bases, qui comptent environ 350 soldats, jouent un rôle clé dans :
- La protection des intérêts français et des ressortissants.
- Le soutien logistique des opérations militaires dans la région.
- La coopération opérationnelle avec les forces locales.
Le président sénégalais a toutefois insisté sur le besoin de redéfinir ces accords pour répondre aux priorités nationales et aligner les coopérations sur les attentes des populations.
Une Méthode Différente : Pas de Rupture Brutale
Contrairement à d’autres nations africaines ayant récemment rompu leurs accords militaires avec la France, le Sénégal adopte une approche plus mesurée. Bassirou Diomaye Faye a assuré que cette transition ne sera pas brutale et qu’un calendrier sera établi pour organiser le départ des forces françaises de manière harmonieuse.
Il a rappelé que la France reste un partenaire économique et culturel important pour le Sénégal, citant la présence significative d’investissements et de citoyens français dans le pays. Cette approche équilibrée vise à préserver les relations bilatérales tout en affirmant l’autonomie du Sénégal.
Reconnaissance du Passé et Élan vers l’Avenir
Un autre point clé dans les relations Sénégal-France a été la reconnaissance par le président français du massacre de Thiaroye (1944), où des tirailleurs sénégalais furent tués par les forces coloniales françaises. Cet acte de reconnaissance historique pourrait contribuer à apaiser les tensions entre les deux nations, malgré les évolutions géopolitiques.
Un Tournant dans les Relations France-Afrique
Cette annonce intervient dans un contexte de remise en question généralisée de la présence militaire française en Afrique. Après les retraits successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger, la France doit maintenant revoir sa stratégie pour maintenir son influence dans la région.
Pour le Sénégal, cette décision symbolise une volonté de tracer sa propre voie, en affirmant son indépendance sur la scène internationale tout en préservant des relations stratégiques solides avec ses partenaires.
Gnohou Maxime Keller