L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, chef du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), a donné le ton pour l’élection présidentielle de 2025. Lors d’une session ordinaire du Comité central de son parti tenue le 4 janvier 2025, il a défini deux axes prioritaires : sa réintégration sur la liste électorale et la victoire du PPA-CI au scrutin présidentiel.
Une bataille pour l’éligibilité
Laurent Gbagbo, âgé de 79 ans, a rappelé son passé de sacrifices pour le jeu démocratique en Côte d’Ivoire. « Il y a une lutte dans l’autre. La première lutte, c’est mon inscription sur la liste électorale », a-t-il martelé, sous les applaudissements de ses partisans.
Faisant allusion à des événements passés, l’ex-chef d’État a évoqué sa décision, en 1995, de ne pas déposer sa candidature à l’élection présidentielle pour permettre à Alassane Ouattara, alors empêché par des problèmes d’éligibilité, de se présenter. « Tout mon dossier était prêt, mais j’ai renoncé pour l’aider », a-t-il rappelé.
Laurent Gbagbo a également mentionné son rôle clé lors des négociations de Pretoria, au cours desquelles il avait demandé à l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki d’intervenir en faveur d’une candidature inclusive. Mais il a dénoncé avec amertume ce qu’il considère comme un manque de réciprocité : « Pendant que nous préparions les élections, eux, préparaient la fraude et la guerre. »
Un contexte juridique complexe
Acquitté en 2019 par la Cour pénale internationale (CPI) des accusations de crimes contre l’humanité liées à la crise post-électorale de 2010-2011, Laurent Gbagbo reste confronté à des obstacles juridiques dans son propre pays. En 2018, il a été condamné par contumace pour le « braquage » de la BCEAO. Bien que le président Alassane Ouattara lui ait accordé une grâce présidentielle en 2022, cette mesure ne suffit pas pour lever son inéligibilité.
Pour pouvoir briguer la présidence en 2025, Gbagbo exige une amnistie complète. Il a toutefois souligné que l’ONU a officiellement écrit pour demander sa réinscription sur la liste électorale.
Une vision pour transformer la politique ivoirienne
Au-delà des enjeux personnels, Laurent Gbagbo a exprimé sa volonté de réformer en profondeur la politique en Côte d’Ivoire. Selon lui, la priorité n’est pas seulement de conquérir le pouvoir, mais de « changer cette politique de fond en comble ».
Fidèle à son style direct, il a critiqué ce qu’il perçoit comme une désolation politique et économique actuelle, tout en réaffirmant son engagement à poursuivre et terminer les projets qu’il avait initiés lors de son mandat présidentiel (2000-2011).
Les défis de 2025 : entre opportunités et obstacles
L’élection présidentielle de 2025 pourrait redéfinir le paysage politique ivoirien. Laurent Gbagbo, figure incontournable du pays, se positionne comme un acteur clé dans cette bataille.
Pour le PPA-CI, la priorité immédiate est d’obtenir l’inscription de leur leader sur la liste électorale, une étape qu’ils considèrent comme cruciale avant de se lancer dans la conquête du pouvoir.
Mais cette élection s’annonce comme un véritable défi. Les obstacles juridiques, les adversaires politiques et les exigences du processus électoral compliquent la tâche. Gbagbo devra mobiliser son parti et ses sympathisants pour surmonter ces barrières.
Un tournant décisif pour la Côte d’Ivoire
En fixant ces priorités, Laurent Gbagbo ouvre un nouveau chapitre politique pour la Côte d’Ivoire. À travers son combat pour l’éligibilité et sa vision d’une politique profondément renouvelée, il ambitionne de redéfinir le futur du pays.
Le chemin vers la présidentielle de 2025 sera long et semé d’embûches, mais Gbagbo semble prêt à relever le défi. Comme il l’a affirmé devant le Comité central du PPA-CI : « La réintégration sur la liste électorale est la bataille la plus difficile. Mais une fois remportée, la victoire finale sera à portée de main. »
Gnohou Maxime Keller