Le Tchad a pris une décision historique en créant, le 4 décembre 2024, une commission spéciale destinée à mettre fin aux accords militaires qui le lient à la France. Cette initiative marque un tournant stratégique majeur dans les relations entre N’Djamena et Paris, témoignant d’une volonté accrue de renforcer la souveraineté nationale.
Une commission pour piloter le retrait
Sous la présidence du ministre des Affaires étrangères tchadien, cette commission aura pour rôle central de :
- Notifier officiellement Paris de la dénonciation des accords de coopération militaire.
- Élaborer un plan détaillé pour garantir un retrait progressif et ordonné des forces françaises présentes sur le territoire tchadien.
Cette décision fait suite à une évaluation approfondie de la coopération bilatérale, selon les déclarations du président Mahamat Idriss Déby. Il a précisé que cette rupture n’équivaut pas à une cessation des relations diplomatiques, mais reflète une volonté de repenser la coopération dans une perspective plus équilibrée.
Un contexte de réajustement régional
Le retrait des forces françaises du Tchad s’inscrit dans une dynamique régionale où plusieurs pays sahéliens, tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont également rompu leurs accords militaires avec la France. Même le Sénégal, traditionnellement proche de Paris, a récemment exprimé des doutes quant à la pérennité de la présence militaire française.
Cette tendance traduit une montée en puissance de discours souverainistes en Afrique, renforçant des partenariats alternatifs avec d’autres puissances, notamment la Russie et la Chine.
Quelles implications pour la sécurité ?
La fin de ces accords suscite des interrogations quant à l’impact sur la sécurité régionale, notamment dans la lutte contre les groupes jihadistes. Le Tchad, souvent qualifié de pilier de la stabilité au Sahel, devra désormais redéfinir son approche sécuritaire en s’appuyant davantage sur ses propres forces et sur de nouveaux partenariats internationaux.
Vers une nouvelle ère pour le Tchad
Cette initiative témoigne d’un désir affirmé du gouvernement tchadien de prendre en main son destin stratégique. Si la France perd un allié clé au Sahel, le Tchad, lui, pourrait renforcer sa posture sur l’échiquier géopolitique en explorant des relations diversifiées et des coopérations adaptées à ses besoins spécifiques.
La mise en œuvre de cette décision sera scrutée de près, car elle pourrait remodeler non seulement les relations franco-tchadiennes, mais aussi le paysage sécuritaire et diplomatique du Sahel tout entier.
Gnohou Maxime Keller