Le 3 janvier 2025, lors de ses vœux aux forces armées françaises, Emmanuel Macron a évoqué un sujet qui a suscité de vives réactions : l’ingratitude de certains chefs d’État africains face au départ des troupes françaises. Selon lui, ces dirigeants n’ont pas informé leurs peuples que cette décision venait de la France, laissant croire qu’ils en étaient les initiateurs.
Mais en soulevant la question de l’ingratitude, Emmanuel Macron a, peut-être sans s’en rendre compte, pointé du doigt une vérité historique incontournable : la France elle-même porte un lourd passé d’ingratitude envers l’Afrique.
🇫🇷🇸🇳 Les Tirailleurs Sénégalais : Héros Oubliés, Victimes de l’Oubli
L’un des épisodes les plus marquants de cette ingratitude française concerne les tirailleurs sénégalais, ces milliers de soldats africains qui ont combattu sous le drapeau tricolore lors des guerres mondiales.
Malgré leur engagement et leurs sacrifices sur les champs de bataille, ces hommes ont été marginalisés, discriminés et souvent oubliés. Pire encore, ils ont dû lutter pour obtenir leur pension de combattant, bien inférieure à celle des soldats français.
Aujourd’hui encore, peu de monuments leur rendent hommage, et aucune excuse officielle n’a été présentée par la France pour le traitement injuste qu’ils ont subi. Un silence coupable qui illustre parfaitement l’ingratitude dénoncée par Emmanuel Macron… mais dans un tout autre contexte.
Le Massacre de Thiaroye : Un Crime Longtemps Refoulé
Si un événement illustre particulièrement cette ingratitude, c’est bien le massacre de Thiaroye en 1944.
Après la Seconde Guerre mondiale, des tirailleurs sénégalais ayant combattu pour la France réclamaient simplement le paiement de leurs soldes. En guise de réponse, l’armée française les a abattus froidement à Thiaroye, au Sénégal.
Ce crime d’État est longtemps resté dans l’ombre, minimisé voire nié par les autorités françaises. Ce n’est qu’en 2014 que François Hollande a timidement reconnu la responsabilité de la France, sans pour autant offrir des excuses officielles ni de réparations aux familles des victimes.
Un siècle après la Première Guerre mondiale, les descendants de ces soldats continuent de revendiquer justice et reconnaissance, preuve que l’ingratitude de la France envers l’Afrique ne s’est jamais vraiment dissipée.
Le Pillage des Ressources Africaines : Un Néocolonialisme Silencieux
Au-delà du passé militaire, l’ingratitude française se manifeste aussi dans l’exploitation des ressources naturelles africaines. Depuis la colonisation, la France a bénéficié de l’or, du pétrole, du cacao, de l’uranium et bien d’autres richesses extraites du continent, souvent au détriment des populations locales.
Aujourd’hui encore, certaines multinationales françaises profitent de contrats léonins pour extraire ces ressources, sans une juste rétribution pour les pays concernés.
Ce système économique, souvent qualifié de néocolonialisme, montre que la relation entre la France et l’Afrique reste profondément déséquilibrée.
Macron Dit Vrai, Mais l’Ingratitude Française Doit Être Reconnaissance
En évoquant l’ingratitude des chefs d’État africains, Emmanuel Macron a mis le doigt sur un sujet bien plus vaste : l’ingratitude historique de la France envers l’Afrique.
Les tirailleurs sénégalais, les victimes du massacre de Thiaroye, les peuples africains pillés de leurs richesses : tous attendent des gestes concrets de reconnaissance et de réparation.
L’histoire a prouvé que l’ingratitude n’est pas qu’un sentiment individuel. Elle peut aussi être un héritage historique, qui se perpétue de génération en génération.
Si la France veut réellement tourner la page de son passé colonial, elle doit d’abord reconnaître pleinement ses erreurs, au lieu de faire porter la faute aux autres.
En somme, Emmanuel Macron a raison sur un point : l’ingratitude est un poison. Mais il devrait commencer par regarder du côté de la France.
Par Silvere Bossiei