Le Tchad met un terme définitif à une relation militaire de plus de six décennies avec la France. Cette décision intervient après des tensions diplomatiques exacerbées par des propos jugés « méprisants » du président français Emmanuel Macron lors de la conférence des ambassadeurs.
Une Indignation qui Précipite le Retrait
Les déclarations d’Emmanuel Macron, qualifiant le partenariat militaire avec l’Afrique comme mal perçu et insuffisamment reconnu, ont provoqué une vague d’indignation à N’Djamena. Le Premier ministre Allah-Maye Halina n’a pas tardé à réagir, dénonçant des « insultes grossières à l’intelligence des Africains ». Ces paroles ont déclenché une réunion d’urgence pour réexaminer l’accord de défense liant les deux nations depuis l’indépendance du Tchad.
Un Retrait Définitif au 31 Janvier 2025
Le comité en charge de la dénonciation de l’accord de défense a tranché : la France doit retirer toutes ses forces armées d’ici le 31 janvier 2025. Le Premier ministre Halina a qualifié cette décision de « volonté patriotique », soulignant l’importance de cette rupture pour la souveraineté du pays.
Cette décision est également empreinte de symbolisme historique. « C’est depuis Fort Lamy (aujourd’hui N’Djamena) qu’est partie la première colonne militaire ayant contribué à libérer la France du joug nazi en 1939 », a-t-il rappelé, marquant ainsi la fin d’une ère marquée par une étroite coopération militaire.
Des Étapes Stratégiques pour un Retrait Total
Le retrait des forces françaises, amorcé en décembre 2024, suit un calendrier précis :
- Base de Faya-Largeau : Première base restituée.
- Base d’Abéché : Deuxième étape clé du retrait.
- Base stratégique d’Adji Kossey : Située à N’Djamena, cette base, la plus importante du dispositif militaire français au Tchad, sera rétrocédée fin janvier 2025.
Ces étapes marquent un tournant dans la stratégie sécuritaire du Tchad, qui entend désormais prendre en main la défense de son territoire sans assistance étrangère.
Un Contexte de Réévaluation des Relations Franco-Africaines
Ce retrait s’inscrit dans une dynamique plus large de réévaluation des relations entre la France et ses anciennes colonies. Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont déjà acté des ruptures similaires. Le Tchad, qui fut longtemps perçu comme un allié stratégique, emboîte désormais le pas.
Le gouvernement tchadien voit dans cette décision une opportunité de renforcer son indépendance politique et militaire, tout en adressant un message clair sur la réciprocité et le respect dans les relations internationales.
Un Tournant Historique pour le Tchad
Le retrait des forces françaises marque une nouvelle ère pour le Tchad, tourné vers la souveraineté et une redéfinition de ses alliances. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir des relations entre N’Djamena et Paris, mais une chose est certaine : le Tchad entend désormais écrire son histoire de manière autonome.
Gnohou Maxime Keller
