Le 28 novembre 2024, le Tchad a marqué une étape cruciale dans ses relations internationales en annonçant la fin de son accord de coopération en matière de défense avec la France. Cette décision, révélée par le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah, reflète la volonté du pays de repenser ses partenariats stratégiques et de renforcer sa souveraineté.
Une Alliance Historique Redéfinie
Depuis plusieurs décennies, la France a joué un rôle clé dans la sécurité du Tchad, notamment en soutenant militairement le pays lors d’attaques rebelles en 2008 et 2019. Le Tchad était également un point d’ancrage stratégique pour les opérations françaises dans le Sahel, particulièrement après le retrait des forces françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Cependant, sous la présidence de Mahamat Idriss Déby Itno, la dynamique a changé.
Dans un communiqué officiel, Koulamallah a affirmé que cette décision découle d’une « analyse approfondie », visant à aligner les relations internationales sur les priorités nationales du Tchad. Il a souligné que ce changement ne signifie pas une opposition à la France, mais plutôt une réévaluation des termes de la coopération pour mieux répondre aux intérêts tchadiens.
Contexte Géopolitique et Enjeux Sécuritaires
Depuis son arrivée au pouvoir en 2021, après la mort de son père Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby Itno fait face à des défis sécuritaires importants. Alors que les forces armées tchadiennes restent mobilisées contre des groupes rebelles et des menaces terroristes, la décision de rompre avec Paris illustre un désir croissant d’autonomie stratégique dans la région.
Dans un climat où plusieurs États ouest-africains, comme le Mali, le Burkina Faso, et le Niger, ont également remis en question la présence militaire française, cette rupture s’inscrit dans une tendance régionale. Le Tchad semble vouloir explorer des alliances alternatives, notamment avec des puissances émergentes, pour diversifier son appui militaire et économique.
Réactions et Perspectives
La visite récente de Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, visait à renforcer les liens bilatéraux. Cependant, elle a coïncidé avec cette annonce, soulignant la complexité des relations entre N’Djamena et Paris. Si cette décision témoigne d’une volonté d’émancipation, elle soulève aussi des interrogations sur la capacité du Tchad à maintenir la stabilité sans le soutien direct de la France.
Sur le plan international, cette rupture pourrait affaiblir davantage la présence militaire française en Afrique, alors que Paris peine à maintenir son influence dans une région où la Chine, la Russie et d’autres acteurs émergents gagnent du terrain.
Une Nouvelle Orientation pour le Tchad
Le ministre Koulamallah a insisté sur la nécessité pour le Tchad de s’adapter à un « nouvel ordre mondial ». Cette décision stratégique reflète une ambition de repositionner le pays sur la scène internationale tout en affirmant sa souveraineté. Pour le Tchad, cela ouvre des perspectives de nouvelles alliances, mais la gestion des retombées sécuritaires et économiques sera cruciale pour le succès de cette transition.
Avec cette décision, le Tchad fait un pari audacieux, cherchant à tracer sa propre voie dans un environnement régional marqué par des bouleversements géopolitiques.
Gnohou Maxime Keller