Le magnat du BTP Hassan Dakhlallah, d’origine libanaise et PDG du groupe Porteo, est au centre d’une enquête judiciaire menée par la justice française. Ce dossier, aux ramifications complexes, éclabousse plusieurs figures du régime ivoirien, notamment Téné Birahima Ouattara, ministre de la Défense et frère du président Alassane Ouattara, ainsi qu’Amédé Koffi Kouakou, ministre en charge des travaux publics.
Une enquête aux enjeux internationaux
Lancée par un juge d’instruction de Nanterre, l’enquête porte sur des flux financiers suspects entre la Côte d’Ivoire et la France. Selon Africa Intelligence, ces transactions opaques auraient permis de récompenser ou d’influencer des membres influents du régime ivoirien.
Les investigations ont mis en lumière des connexions financières entre Hassan Dakhlallah, via son entreprise Porteo, et des personnalités politiques ivoiriennes. Ces relations, soupçonnées de se concrétiser par des circuits financiers informels de type « hawala », auraient servi à transférer discrètement des fonds entre Abidjan et Paris.
Des révélations compromettantes
Lors de perquisitions dans des appartements parisiens appartenant à Hassan Dakhlallah, des éléments troublants ont été découverts :
- Importantes sommes d’argent en espèces.
- Voitures de luxe.
- La présence d’un proche d’Amédé Koffi Kouakou, renforçant les soupçons de collusion entre le magnat libanais et certains membres du régime ivoirien.
Un proche du ministre des Travaux publics aurait également été trouvé dans un bien immobilier lié à Dakhlallah, selon les sources. Ce lien direct, bien que non encore prouvé illégal, alimente les spéculations sur des transactions douteuses impliquant l’attribution de marchés publics.
Les implications politiques
L’enquête place également Téné Birahima Ouattara sous les projecteurs. Le ministre de la Défense est accusé d’avoir utilisé le jet privé de Dakhlallah, ce qui soulève des interrogations sur la nature de leur relation. Bien que ces faits n’aient rien d’illégal en soi, ils pourraient révéler des liens financiers non déclarés entre les deux parties.
Amédé Koffi Kouakou, chargé de l’attribution de marchés publics stratégiques, voit son nom cité à plusieurs reprises dans le dossier. Des documents saisis lors des perquisitions renforcent les suspicions à son encontre, bien que leur contenu exact n’ait pas été dévoilé.
Un contexte politique tendu
Cette affaire éclate à un moment délicat pour le régime d’Alassane Ouattara, déjà sous pression à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. La candidature de l’ex-directeur général du Crédit Suisse, Tidjane Thiam, est perçue comme une menace sérieuse, rendant cette enquête d’autant plus sensible.
Le silence des personnalités citées, notamment Téné Birahima Ouattara et Amédé Koffi Kouakou, ne fait qu’accentuer les spéculations. Pendant ce temps, Hassan Dakhlallah préparerait une contre-offensive judiciaire, soutenu discrètement par des alliés influents en Côte d’Ivoire.
Un magnat controversé
Le groupe Porteo, au centre de cette affaire, a déjà fait parler de lui dans le passé. En 2023, il a généré un chiffre d’affaires de 23,5 millions d’euros, mais s’est retrouvé accusé par Orange Côte d’Ivoire de destruction d’infrastructures essentielles. Ce nouvel épisode judiciaire pourrait bien ternir davantage la réputation de l’entreprise et de son PDG.
Une enquête en cours
La justice française poursuit ses investigations pour faire la lumière sur les flux financiers et les liens entre Hassan Dakhlallah et le régime ivoirien. Si les soupçons se confirment, cette affaire pourrait avoir des répercussions majeures sur la scène politique ivoirienne, à quelques mois d’une élection cruciale.
Les prochaines étapes de l’enquête seront décisives pour clarifier les responsabilités et, potentiellement, redistribuer les cartes du pouvoir en Côte d’Ivoire.
Gnohou Maxime Keller