Le Sénégal amorce un tournant décisif dans sa politique de défense et ses relations internationales. Lors de la déclaration de politique générale (DPG) présentée ce vendredi devant les députés de la 15ᵉ législature, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé la fermeture prochaine de toutes les bases militaires étrangères sur le territoire national.
Une décision pour renforcer la souveraineté nationale
« Le président de la République a décidé de la fermeture très prochaine de toutes les bases militaires étrangères », a déclaré Ousmane Sonko, affirmant la volonté du Sénégal de reprendre le contrôle total de sa souveraineté. Cette annonce, qualifiée de « tournant historique », s’inscrit dans une démarche stratégique de renforcement de l’indépendance nationale.
Cette décision fait écho aux propos tenus par le président Bassirou Diomaye Faye en novembre dernier, lors de l’anniversaire du massacre de Thiaroye 44, où il avait laissé entendre une réévaluation des accords de défense entre le Sénégal et ses partenaires étrangers.
Une rupture avec les partenaires historiques
Dakar abrite actuellement trois bases militaires françaises, où environ 300 soldats sont stationnés. Ces bases symbolisent des décennies de coopération militaire entre le Sénégal et la France, mais leur présence a également été un sujet de débats, souvent perçu comme un vestige de la période post-coloniale.
« Le Sénégal est un pays indépendant. C’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires étrangères », a martelé Ousmane Sonko, soulignant l’importance de cette décision pour renforcer l’autonomie du pays face à des enjeux géopolitiques complexes.
Une annonce aux répercussions multiples
La fermeture de ces bases suscite une multitude de réactions, tant au Sénégal qu’à l’international.
- Réactions internes : Une partie de la population salue cette initiative comme un acte de courage et d’émancipation. Pour beaucoup, cette décision reflète une volonté de rompre avec les logiques de dépendance militaire. D’autres, en revanche, s’inquiètent des conséquences sécuritaires, notamment dans un contexte régional marqué par une recrudescence des menaces terroristes.
- Réactions internationales : Cette annonce pourrait redéfinir les relations entre le Sénégal et ses partenaires historiques, notamment la France. Paris, qui considère le Sénégal comme un allié clé en Afrique de l’Ouest, devra ajuster sa stratégie militaire dans la région.
Un calendrier encore flou
Bien que la fermeture des bases ait été confirmée, la date exacte de leur démantèlement reste indéterminée. Le gouvernement sénégalais a toutefois affiché sa détermination à mener cette décision à terme dans les meilleurs délais.
Contexte et enjeux sécuritaires
Cette décision intervient dans un contexte où les pays africains reconsidèrent de plus en plus leurs relations militaires avec leurs partenaires étrangers. À l’image du Mali et du Burkina Faso, qui ont également mis fin à certaines coopérations militaires avec des puissances étrangères, le Sénégal semble opter pour une approche plus autonome de sa sécurité nationale.
Cependant, cette décision pose des questions sur la capacité du Sénégal à sécuriser son territoire, notamment face à la montée des groupes armés dans la région du Sahel.
Un signal fort d’émancipation africaine
Avec cette décision, le Sénégal envoie un signal fort au reste du continent africain. Le retrait des bases militaires étrangères peut être vu comme une étape vers une souveraineté totale et un rééquilibrage des relations internationales.
La fermeture des bases militaires étrangères marque une nouvelle ère pour le Sénégal. Si cette décision témoigne d’une volonté affirmée de souveraineté et d’émancipation, elle soulève également des défis sécuritaires et diplomatiques majeurs. Le Sénégal devra désormais prouver sa capacité à gérer sa sécurité nationale de manière indépendante tout en préservant ses alliances stratégiques.
Gnohou Maxime Keller
