Le projet des États-Unis de négocier le déploiement de leurs troupes en Côte d’Ivoire, Ghana et Bénin, révélé par le Général Michael Langley, commandant de l’AFRICOM, suscite des préoccupations profondes quant aux véritables motivations de cette initiative. Derrière le discours de « valeurs démocratiques » et d’objectifs de sécurité commune, plusieurs analystes voient un plan plus vaste visant à garantir une mainmise sur les ressources stratégiques africaines et à maintenir un contrôle géopolitique sur des gouvernements souverains.
Une Logique Néocolonialiste ?
L’histoire récente montre que les interventions militaires des puissances occidentales, et particulièrement des États-Unis, en Afrique ont souvent des motifs cachés. L’Afrique regorge de ressources précieuses, telles que les minerais rares, le pétrole et le gaz, qui attisent les convoitises internationales. L’établissement de bases militaires dans ces pays permettrait à Washington de surveiller de près les gouvernements africains et de s’assurer qu’ils ne dévient pas de la ligne économique et politique tracée par les grandes puissances occidentales.
AFRICOM : Un Instrument de Domination
L’AFRICOM (Commandement des États-Unis pour l’Afrique) a été créé en 2007 sous couvert de coopération militaire et de lutte contre le terrorisme. Toutefois, depuis sa création, de nombreux critiques soulignent que son véritable objectif est d’étendre l’influence américaine sur le continent africain. L’implantation de troupes en Côte d’Ivoire, Ghana et Bénin renforcerait cette présence militaire, permettant aux États-Unis de s’assurer que les dirigeants africains demeurent alignés sur leurs intérêts stratégiques.
Un Modèle Répété à Travers l’Histoire
Le passé colonial et post-colonial de l’Afrique est riche en exemples de dirigeants visionnaires qui ont tenté de défier l’ordre mondial imposé par les grandes puissances, et qui ont payé le prix ultime. Des figures comme Patrice Lumumba, Thomas Sankara et bien d’autres ont été éliminées ou renversées avec le soutien direct ou indirect de puissances occidentales. Ces actions ont souvent été justifiées sous couvert de la protection de la démocratie, alors qu’en réalité, il s’agissait de protéger des intérêts économiques et géopolitiques.
Un Appel à l’Émancipation
Aujourd’hui, l’Afrique doit se poser une question cruciale : les Africains doivent-ils continuer à accepter des interventions étrangères sous prétexte de coopération militaire, ou doivent-ils revendiquer leur indépendance totale en prenant le contrôle de leur destin et de leurs ressources naturelles ? La montée des puissances comme la Chine et la Russie en Afrique a modifié la donne géopolitique, forçant les États-Unis à réagir pour maintenir leur influence dans la région. Mais cette réaction ne doit pas se faire au détriment de la souveraineté africaine.
Les négociations autour du déploiement des troupes américaines en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Bénin soulèvent des questions légitimes sur l’indépendance réelle des États africains. Il appartient désormais aux leaders africains de rejeter cette nouvelle forme de colonisation déguisée, en promouvant l’unité et la cohésion pour contrer les ambitions des puissances étrangères. L’avenir de l’Afrique dépend de sa capacité à affirmer son indépendance et à s’affranchir de la tutelle des grandes puissances.
Gnohou Maxime Keller
