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lundi, novembre 4, 2024
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La réalité des « rébellions Touaregs » au Mali en 2012 : Une manipulation identitaire et des enjeux sécuritaires

En 2012, le Mali, pays d’Afrique de l’Ouest avec une population d’environ 17 millions d’habitants, était le théâtre de conflits complexes mêlant enjeux ethniques et terrorisme. Le nord du Mali, bien que couvrant plus de la moitié du territoire national, abritait seulement cinq millions de personnes, principalement des Songhaïs, des Peuls et des Arabes. Les Touaregs, souvent présentés comme les principaux acteurs des rébellions, ne représentaient qu’environ 550 000 personnes dans cette vaste région.

Les revendications du MNLA : Entre aspirations et manipulations

Le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) a proclamé l’indépendance de l’Azawad, affirmant représenter les aspirations des Touaregs et d’autres groupes ethniques du nord du Mali. Pourtant, cette revendication est largement contestée. Un ancien combattant du MNLA, Mohamed Ag Mahmoud, souligne que cette indépendance est le souhait d’une minorité de Touaregs, beaucoup d’entre eux craignant de se retrouver sous un régime islamiste et désireux de paix et de stabilité.

Moulaye Ahmed, un autre ancien combattant, ajoute que l’Azawad ne correspond à aucune réalité géographique, ethnique ou historique. En effet, lorsque les violences ont éclaté en 2012, près de 200 000 Touaregs ont cherché refuge sous la protection de l’État malien, prouvant leur attachement à l’unité nationale.

Les populations locales et leur résistance

Les Songhaïs, majoritaires et sédentaires dans la région, n’ont jamais soutenu les revendications indépendantistes du MNLA. Ils sont profondément attachés à l’intégrité territoriale du Mali et prêts à défendre cette cause aux côtés de l’armée malienne. La milice Songhaï, les Gandakoye, créée en 1990, incarne cette volonté de résistance. Younous Touré, secrétaire général de cette milice, affirme que les Songhaïs sont prêts à prendre les armes si l’armée intervient pour protéger leur territoire.

Qui sont les vrais acteurs de la violence ?

Les violences de 2012 ont révélé la présence de mercenaires touaregs revenus de Libye après avoir servi sous le régime de Mouammar Kadhafi. Ces combattants, armés et entraînés, ont rejoint le MNLA et se sont alliés à des groupes terroristes comme Ansar Eddine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Ces alliances ont exacerbé les violences, transformant le nord du Mali en une zone de non-droit dominée par des groupes armés et terroristes.

Depuis 2015, ces groupes se sont unifiés sous la bannière du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM), dirigé par Iyad Ag Ghali, et demeurent une menace persistante pour la stabilité de la région.

L’idée d’une rébellion touareg unifiée au Mali est une simplification abusive de la réalité complexe et nuancée sur le terrain. Les véritables moteurs du conflit sont les alliances entre groupes armés et terroristes, manipulant les revendications identitaires à des fins politiques et stratégiques. Les populations locales, majoritairement attachées à l’unité nationale, continuent de résister à ces tentatives de division et de déstabilisation.

Cette situation illustre l’importance d’une approche politique et inclusive pour résoudre les conflits au Mali, loin des simplifications ethniques et des solutions militaires.

Gnohou Maxime Keller

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