En ce début d’année électorale 2025, le discours du Nouvel An du président ivoirien Alassane Ouattara était très attendu par une population en quête de réponses face aux défis économiques et politiques du pays. Pourtant, les attentes de nombreux Ivoiriens semblent avoir été trahies, laissant un goût amer chez une grande partie de la population.
Un appel manqué à la réconciliation nationale
L’un des sujets majeurs sur lesquels les Ivoiriens espéraient une annonce forte était la réconciliation nationale. Alors que des prisonniers politiques croupissent encore en détention et que des figures clés de l’opposition sont en exil ou marginalisées, beaucoup espéraient une ouverture sincère. Mais le discours n’a fait que survoler la question, sans évoquer de mesures concrètes pour favoriser une véritable inclusion politique.
Cette absence d’engagement a été perçue comme une tentative de maintenir un climat de méfiance et d’exclusion dans l’arène politique. La promesse d’un jeu politique ouvert et équitable est restée un vœu pieux, renforçant le scepticisme quant à la volonté réelle du gouvernement de rassembler le peuple ivoirien.
Des élections à venir sous tension : une confiance ébranlée
En cette année électorale, la question de la transparence des élections est au cœur des préoccupations. Les Ivoiriens attendaient des annonces concrètes sur des réformes touchant la Commission Électorale Indépendante (CEI) et la gestion de la liste électorale, souvent décriées comme partisanes.
Au lieu de rassurer les électeurs, le président s’est contenté d’une vague promesse d’élections démocratiques. Mais cette déclaration, perçue comme dénuée de substance, n’a convaincu personne, même parmi ses partisans les plus fidèles. Sans mesures tangibles pour garantir une élection libre et transparente, la confiance des Ivoiriens reste profondément ébranlée, alimentant ainsi les craintes d’une nouvelle crise postélectorale.
Un silence coupable face à la vie chère et aux déguerpissements
La question économique, et notamment la hausse du coût de la vie, a également été négligée dans le discours présidentiel. En ces temps de difficultés financières pour les ménages ivoiriens, l’absence de mesures claires pour alléger la pression économique a été perçue comme un manque d’empathie de la part du chef de l’État.
Pire encore, les déguerpissements massifs, qui ont laissé de nombreuses familles sans abri, n’ont pas été évoqués. Un geste symbolique, comme une main tendue aux plus vulnérables, aurait pu marquer un tournant dans la perception populaire. Hélas, ce silence renforce le sentiment de déconnexion entre les dirigeants et le quotidien des citoyens.
Une transition politique espérée, mais ignorée
Alors que le président Ouattara approche la fin de son troisième mandat controversé, des appels à son retrait de la vie politique se sont multipliés. À 82 ans, marqué par l’âge et les responsabilités, une annonce de retrait aurait été perçue comme un acte de grandeur et un cadeau inestimable pour le peuple ivoirien.
Cependant, rien dans son discours n’a laissé entendre une telle décision. L’absence de perspectives sur une transition politique pacifique a nourri la déception et l’incertitude sur l’avenir du pays.
Une opportunité manquée pour marquer l’Histoire
Le discours du Nouvel An 2025 du président Alassane Ouattara restera comme une occasion manquée. En négligeant les préoccupations majeures des Ivoiriens – réconciliation nationale, transparence électorale, lutte contre la vie chère et perspective de transition politique – il a laissé une population désillusionnée face à un avenir incertain.
Dans une année électorale cruciale, ce manque de vision et d’engagement risque de coûter cher, tant au niveau de la confiance populaire que de la stabilité du pays. Plus que jamais, les Ivoiriens attendent un leadership audacieux et des actions concrètes pour répondre à leurs attentes et tracer un chemin vers un avenir meilleur.
Un rendez-vous manqué qui suscite des interrogations et des inquiétudes.
Gnohou Maxime Keller