Le Maroc, grâce à sa position stratégique sur la côte méditerranéenne, est depuis longtemps une passerelle privilégiée pour les migrants clandestins tentant de rejoindre l’Europe. Parmi ces migrants, nombreux sont ceux qui se présentent comme des ressortissants ivoiriens. Toutefois, une opération de profilage conjointe menée récemment par les autorités marocaines et ivoiriennes a révélé un phénomène préoccupant : sur les 14 800 migrants arrivés à Lampedusa et affirmant être ivoiriens, seuls quelques dizaines possédaient effectivement cette nationalité.
Usurpation d’identité : un phénomène préoccupant
Ce constat alarmant met en lumière une pratique courante parmi les migrants de divers pays d’Afrique de l’Ouest, notamment du Burkina Faso, du Mali, du Niger et de la Guinée, qui usurpent l’identité ivoirienne pour bénéficier d’une plus grande facilité d’accès au Maroc et à l’Europe. Cette fraude a des répercussions directes sur la crédibilité des documents de voyage, notamment le passeport ivoirien, et met en péril la sécurité nationale des deux pays concernés.
La réintroduction du visa Côte d’Ivoire-Maroc, une réponse appropriée
Pour contrer cette tendance, les autorités ivoiriennes et marocaines ont décidé de réintroduire, à titre provisoire, l’obligation de visa pour les citoyens ivoiriens détenteurs de passeports ordinaires. Cette mesure, qui devrait durer deux ans, vise à renforcer les mécanismes de contrôle et à mettre fin à l’exploitation frauduleuse de la nationalité ivoirienne par des ressortissants d’autres pays. L’objectif est également d’« assécher les sources d’approvisionnement des réseaux de faussaires », comme l’ont souligné les autorités marocaines.
Un renforcement de la sécurité nationale
Du côté de la Côte d’Ivoire, cette décision a été bien accueillie. Le ministère des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué l’importance de cette mesure pour préserver l’intégrité des procédures d’immigration et protéger la sécurité nationale. La réintroduction du visa permettra également de restaurer la crédibilité du passeport ivoirien, qui a été largement compromis par les usurpations d’identité.
Une mesure temporaire, mais nécessaire
Bien que cette mesure soit temporaire, elle symbolise la détermination des deux pays à lutter contre l’immigration clandestine et les réseaux de trafic de migrants. Le Maroc, en particulier, souhaite utiliser ce délai de deux ans pour mettre en place un mécanisme plus performant capable de contenir le flux migratoire et de mieux gérer les candidats à l’immigration qui traversent son territoire.
Cette coopération étroite entre le Maroc et la Côte d’Ivoire illustre un engagement commun à trouver des solutions durables et efficaces face à l’un des défis majeurs de la région : l’immigration irrégulière.
Gnohou Maxime Keller
