Abidjan, 25 juillet 2024 – La matinée du jeudi 25 juillet 2024 a été marquée par une escalade de violence à Adjamé Village, dans la commune d’Adjamé, suite à une opération de déguerpissement menée par le District d’Abidjan. Cette opération vise à libérer les grandes artères en préparation des travaux du 4ème pont, mais elle a conduit à des affrontements violents entre les riverains et les autorités locales.
Nanguy Victor Pacôme, président de la jeunesse Atchan d’Adjamé Village, a exprimé aujourd’hui sa préoccupation face à la gestion de cette opération. Il a appelé à une discussion ouverte entre les populations et le gouvernement pour clarifier et résoudre les tensions. « Nous souhaitons une discussion entre les populations et le gouvernement », a déclaré M. Nanguy, soulignant que les négociations avec les autorités étaient encore en cours lorsque les destructions ont commencé. Selon lui, les engagements initiaux de limiter les démolitions à une largeur de 25 mètres ont été largement dépassés.
Les réactions des habitants sont empreintes de désespoir et de colère. De nombreux riverains se sont retrouvés démunis après la destruction de leurs habitations et commerces. « J’ai tout perdu, mes bijoux, mes pagnes, tout, tout ! », confie une riveraine, les larmes aux yeux. Une autre ajoute avec une voix tremblante : « Tel que vous me voyez assise, je n’ai plus rien, je ne sais où aller. Demandez à ceux qui sont venus casser où nous allons dormir ? »
Les plaintes des habitants soulignent une absence de communication préalable sur les mesures de déguerpissement, exacerbant leur détresse. « Où allons-nous dormir ? Dites-nous ! Adjamé Village est un village, ce n’est ni une commune, ni un quartier. Depuis le temps de nos ancêtres, nous sommes venus trouver cette terre, c’est notre terre, notre village ! » s’indigne une autre riveraine.
Les jeunes du village, eux aussi, se sont mobilisés pour défendre leur communauté. « Moi, je suis Ebrié de père et de mère, je participe aux fêtes de générations dans mon village, nous n’allons jamais accepter qu’on casse notre village, jamais ! », affirment-ils avec détermination.
Les tensions ont rapidement conduit à des violences : un tractopelle a été incendié par les manifestants en colère, nécessitant l’intervention des forces de l’ordre. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser les manifestants, permettant ainsi la reprise de l’opération de démolition dans l’après-midi.
Le ministre-gouverneur du district autonome d’Abidjan, Ibrahima Cissé Bacongo, devra faire face à ces défis croissants alors que la situation continue de se détériorer. La mobilisation des autorités pour rétablir le calme dans la région s’annonce cruciale, tout comme les discussions nécessaires pour parvenir à une résolution pacifique et équitable de cette crise.
Les prochains jours seront déterminants pour évaluer l’impact des décisions prises par les autorités et pour voir si un compromis pourra être trouvé entre les aspirations des riverains et les objectifs de développement du District d’Abidjan.
Gnohou Maxime Keller